Cette mise à jour semestrielle couvre la volatilité des titres à revenu fixe au premier semestre de 2025, due à l’incertitude commerciale et économique mondiale. Elle détaille également les deux baisses de taux de la Banque du Canada et l’approche stable de la Réserve fédérale, ainsi que l’abaissement par Moody’s de la note de la dette américaine à AA en raison des tarifs douaniers et des déficits.
Revue
FAITS SAILLANTS DU SEMESTRE |
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Les marchés de titres à revenu fixe ont continué à connaitre une volatilité notable tout au long du premier semestre de 2025. Le sentiment du marché a été principalement influencé par les gros titres sur le commerce et les tarifs douaniers, qui ont introduit un degré important d’incertitude dans les perspectives de croissance économique mondiale. La succession rapide des annonces sur la politique commerciale, notamment les tarifs douaniers américains touchant des partenaires commerciaux comme le Canada, suivis de mesures de rétorsion, a contribué à la fluctuation des conditions du marché.
Les divergences entre la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont constitué un thème majeur du premier semestre de l’année.
La Banque du Canada a mis en œuvre des mesures d’assouplissement, notamment deux baisses de taux de 25 points de base. La première a eu lieu en janvier, sous l’influence d’une inflation moins généralisée et de l’assouplissement de la conjoncture économique intérieure. En mars, anticipant une croissance potentiellement plus faible après les premières annonces tarifaires, la Banque du Canada a procédé à une réduction supplémentaire. Cette décision reflète le recul des dépenses des ménages et des intentions d’investissement des entreprises en raison des menaces tarifaires, ainsi que le maintien de l’inflation à un niveau proche de son objectif de 2 %, ce qui s’explique en partie par le congé de TVH.
En revanche, la Réserve fédérale a maintenu sa politique en laissant ses taux inchangés tout au long du premier semestre. Cette approche était fondée sur la perception de résilience de l’économie des États‑Unis, comme en témoignent l’assouplissement du marché du travail et la vigueur générale des dépenses de consommation. Malgré les gros titres sur les tarifs douaniers, l’inflation aux États‑Unis a continué à se rapprocher de l’objectif de 2 % de la Réserve fédérale.
Au‑delà du commerce, certains évènements politiques nationaux ont également eu des incidences. Au Canada, les libéraux ont conservé le pouvoir avec un gouvernement minoritaire. Aux États‑Unis, la combinaison des tarifs douaniers, de leur effet sur l’économie et de l’augmentation du déficit budgétaire a conduit Moody’s à abaisser la note de la dette américaine d’AAA à AA1. Cette évolution signifie qu’aucune grande agence de notation ne classe désormais les États‑Unis dans la catégorie AAA, ce qui a généralement contribué à un vent favorable pour les rendements.
L’incertitude considérable entourant la politique commerciale, combinée à l’introduction rapide et aux modifications subséquentes de politiques distinctes, a favorisé un degré élevé de volatilité dans les marchés de titres à revenu fixe. Au début de 2025, les marchés anticipaient des réductions de taux d’environ 1,75 % pour la Réserve fédérale et de 2,5 % pour la Banque du Canada au fil de réductions de 25 points de base. Les données des États‑Unis étant restées solides, le nombre d’abaissements prévus par la Réserve fédérale a d’abord été revu à la baisse. Toutefois, face à l’aggravation des tensions commerciales, les marchés ont brièvement anticipé jusqu’à quatre réductions des taux de la Réserve fédérale avant de se stabiliser autour de deux réductions pour l’année. Au Canada, l’anticipation des compressions des taux s’est d’abord atténuée avant l’annonce des tarifs douaniers, puis a augmenté jusqu’à prévoir trois réductions au plus fort des tensions commerciales. Depuis le mois de mars, cette anticipation a généralement continué à s’atténuer, les marchés prévoyant désormais une réduction des taux au Canada d’environ 1,5 % pour le reste de l’année.
Sur le front des devises, nous avons observé une appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain. Cette dynamique a davantage reflété la faiblesse du dollar américain que la force du dollar canadien. Le dollar américain s’est déprécié d’environ 9 % par rapport à d’autres grandes monnaies mondiales, contre une dépréciation d’environ 5 % par rapport au dollar canadien. La faiblesse du dollar américain a été influencée par les attentes accrues de réductions de la part de la Réserve fédérale, les inquiétudes concernant la dépense publique et l’augmentation de la dette aux États‑Unis, ainsi que les politiques commerciales et fiscales, et la perception d’une diversification au détriment des actifs américains.
Les écarts de taux des sociétés de qualité et des sociétés à haut rendement ont également connu une forte volatilité au cour du premier semestre, incluant un élargissement notable après le Jour de la libération avant de se resserrer par la suite. Les écarts de taux des obligations de sociétés notées d’AAA à B se sont largement resserrés pour revenir à des niveaux semblables à ceux du début de l’année, tandis que les écarts de taux des obligations de sociétés notées CCC restent élevés.
Source : Bloomberg, au 31 mai 2025
Perspectives
L’incertitude reste un facteur clé dans les perspectives pour les titres à revenu fixe. Nous prévoyons le maintien des divergences entre le Canada et les États‑Unis, tant en ce qui concerne les rendements économiques que la politique des banques centrales. Ces dernières devraient continuer à dépendre fortement des données, en adoptant possiblement une attitude moins prospective que d’habitude, compte tenu de l’incertitude élevée. L’avenir des prévisions reste flou, la poursuite de l’assouplissement par l’une ou l’autre banque centrale dépendant de l’évolution des données économiques et de la conjoncture commerciale.
Inquiétudes concernant la stagflation
Au Canada, le produit intérieur brut a fait preuve de résilience au cours du premier trimestre, potentiellement stimulé par l’accélération des exportations avant les développements liés aux tarifs douaniers. Le deuxième trimestre devrait être moins favorable, compte tenu de cet effet d’entrainement, et cette tendance pourrait se poursuivre jusqu’au second semestre de 2025. Le climat des affaires et le moral des ménages semblent déprimés par l’incertitude, et l’emploi reste quelque peu faible. D’autre part, la hausse de l’inflation reste préoccupante, car les mesures de base et l’ampleur continuent d’augmenter, et les attentes des ménages ainsi que des entreprises en matière d’inflation ont recommencé à se ternir. Bien que l’inflation globale puisse bénéficier d’un certain soulagement grâce à l’élimination de la taxe carbone, l’inflation sous‑jacente reste une préoccupation majeure, d’autant plus que les incidences d’une rétorsion tarifaire n’ont pas encore été pleinement prises en compte dans les chiffres. La Banque du Canada observe attentivement les attentes en matière d’inflation, les répercussions des augmentations de coûts sur les ménages, et la mesure dans laquelle les tarifs douaniers américains pourraient réduire la demande pour les exportations canadiennes. Si les vents contraires à la croissance s’atténuent et que l’inflation reste contenue, la banque centrale pourrait envisager un nouvel assouplissement au cours de l’année. Toutefois, il se peut que nous approchions du point final de ce cycle d’assouplissement, à moins d’assister à un affaiblissement majeur des données économiques.
Ralentissement de l’économie des États‑Unis
Aux États‑Unis, nous commençons à observer des données économiques qui montrent des signes de ralentissement. Les données qualitatives, notamment les indices PMI, le sentiment des ménages ainsi que des entreprises, et les enquêtes sur les intentions d’investissement des entreprises, restent plus faibles. La masse salariale s’affaiblit progressivement, les récents rapports d’ADP sur la masse salariale dans le secteur privé étant généralement défavorables en comparaison avec les attentes du marché, et les licenciements commençant à augmenter. La Réserve fédérale maintient sa politique monétaire pour surmonter l’incertitude, mais a reconnu que les risques d’une hausse de l’inflation et du taux de chômage ont augmenté. Nous pourrions assister à un certain assouplissement aux États‑Unis, compte tenu de la période de maintien des taux; toutefois, les autorités doivent également trouver un équilibre dans leur double mandat, à savoir le maintien d’un taux d’emploi maximal et un taux d’inflation stable autour de 2 %.
La trajectoire de la politique sur les dépenses publiques reste également quelque peu incertaine pour les deux pays. Au Canada, nous attendons le budget d’automne du nouveau gouvernement, mais les estimations de sa plateforme de coût suggèrent des émissions plus importantes en 2025 qu’en 2024. Aux États‑Unis, compte tenu des rajustements tarifaires (qui se traduiraient par une baisse des recettes tarifaires) et de l’efficacité limitée des efforts de réduction des coûts, nous pourrions prévoir un niveau élevé d’émissions et d’emprunts, d’autant plus que l’économie fonctionnait déjà assez bien.
Incidences sur les placements
Nous prévoyons des données fondamentales stables, mais la volatilité des écarts de taux pourrait augmenter si les risques de récession commencent à refaire surface. Les rendements globaux pour les titres de crédit de qualité continuent d’être relativement attrayants, en particulier dans le segment des durées de 5 à 10 ans. Les obligations à haut rendement notées de BB à B sont généralement soutenues par des rendements globaux relativement élevés; toutefois, la sélection du crédit est cruciale pour éviter les émetteurs de moindre qualité ayant des besoins de refinancement près de l’échéance. Nous conservons une légère préférence pour les secteurs défensifs par rapport aux noms cycliques, qui pourraient être plus vulnérables à la pression sur les marges ou aux tarifs douaniers.
Télécharger les Perspectives semestrielles des marchés pour 2025 de l’Empire Vie (PDF).
1 Moody’s Ratings (Moody’s), « Moody’s Ratings downgrades United States ratings to Aa1 from Aaa; changes outlook to stable », 16 mai 2025.
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Juillet 2025