Mon dernier blogue traitait de l’importance de la protection contre les marchés baissiers. J’y ai notamment abordé l’asymétrie entre les gains et les pertes ainsi que le mauvais comportement des investisseurs sur le plan historique. Dans ce blogue-ci, nous examinerons quelques stratégies que les investisseurs peuvent appliquer afin de potentiellement protéger leur portefeuille des pertes importantes lors des replis, tout en leur permettant de participer à la hausse des marchés.
La première stratégie de protection contre les marchés baissiers est aussi la toute première règle en matière de placement : la diversification. Le tableau illustre la croissance d’un placement initial de 100 $ et le pouvoir de la diversification. La ligne bleue représente l’indice composé S&P/TSX, qui désigne un placement non diversifié. La ligne mauve représente un portefeuille diversifié composé en proportions égales de l’indice composé S&P/TSX, de l’indice obligataire universel FTSE TMX Canada et de l’indice MSCI Monde; en d’autres mots, un tiers en actions canadiennes, un tiers en obligations canadiennes et un tiers en actions mondiales.
Source : Morningstar Direct, de mai 2008 à décembre 2015
Nous avons délibérément commencé le graphique en mai 2008, soit au sommet du marché avant que la crise financière ne frappe, afin d’illustrer un rendement baissier réel. Le premier élément à noter est que le portefeuille diversifié a connu un déclin beaucoup moins important pendant la crise, passant de 100 $ à 73 $, comparativement au portefeuille non diversifié qui a chuté à 57 $. En deuxième lieu, le portefeuille diversifié a récupéré et enregistré une croissance durable supérieure au placement initial de 100 $ en octobre 2011. Il a atteint ce résultat plus rapidement que le portefeuille non diversifié. Le portefeuille non diversifié a pris 22 mois de plus (jusqu’en août 2013) pour atteindre une croissance durable. Enfin, le portefeuille diversifié a mieux traversé la volatilité des marchés en 2015 grâce à son exposition géographique globale, qui a entraîné un élargissement considérable de sa croissance relative par rapport à l’indice. En avril 2016, le portefeuille diversifié atteignait 149 $ par rapport à 120 $ pour l’indice composé S&P/TSX.
Une autre stratégie de protection contre les marchés baissiers consiste à adopter une approche de placement axé sur la valeur. Cette approche met l’accent sur les sociétés dont le titre se négocie à un prix inférieur à sa valeur intrinsèque à long terme. La différence entre la valeur intrinsèque et le prix du titre s’appelle la marge de sécurité. Plus la marge de sécurité est importante, plus la protection contre les marchés baissiers l’est aussi, telle que l’indique l’illustration ci dessous.
À des fins d’illustrations seulement
Le prix d’un titre doté d’une marge de sécurité plus importante reflète déjà un degré de risque plus important. Par conséquent, lorsque les marchés se replient, ce titre devrait connaître un déclin moins marqué. Un titre qui se négocie au-dessus de sa valeur intrinsèque reflète un certain niveau de spéculation. La valeur de ce titre pourrait se dégonfler rapidement lorsque le climat sur les marchés se dégrade.
Les achats périodiques par sommes fixes, c’est à-dire des placements réguliers, peuvent atténuer les effets d’une correction du marché et les gains asymétriques requis afin de se remettre de celle-ci.
Dans le scénario suivant, nous examinons deux investisseurs qui achètent des parts dans l’action XYZ pour un total de 1 000 $ chacun. L’investisseur no 1 effectue un placement initial de 1 000 $, mais l’investisseur no 2 place 50 $ de plus tous les mois. La valeur du titre chute de 10 $ à 7 $ au cours des 12 premiers mois, puis revient à 10 $ au cours des 12 mois suivants.
L’investisseur no 1 est soumis à la dynamique d’asymétrie entre les gains et les pertes dont nous avons discuté dans mon blogue sur l’importance de la protection contre les marchés baissiers. Nous avions alors illustré que l’investisseur devait réaliser un gain de 43 % pour effacer une perte de 30 %.
À des fins d’illustrations seulement
Le profil perte/gain de l’investisseur no 2 s’est grandement amélioré. Il doit réaliser un gain de 29 % seulement pour compenser sa perte de 25 %. Il atteint le seuil de rentabilité 4 mois avant l’investisseur no 1 et se maintient en territoire de profit par la suite. La clé de sa réussite : il a continué à acheter des parts à des prix moins élevés et a fait baisser son coût moyen par part. Plus le coût moyen par part est bas, plus vite notre investisseur compensera sa perte et pourra accumuler un patrimoine.
À des fins d’illustration seulement
Un investisseur qui réduit le coût moyen par part de son portefeuille grâce aux achats périodiques par sommes fixes peut atténuer la dynamique indésirable d’asymétrie entre les pertes et les gains, comme l’indique le graphique suivant. Les barres grises représentent la dynamique pertes/gains sans les achats périodiques par sommes fixes. Les lignes bleues, quant à elles, représentent la dynamique pertes/gains selon une stratégie d’achats périodiques par sommes fixes sur une base mensuelle de 5 % du placement original.
Plus grande est la perte engagée, plus le pouvoir des achats périodiques par sommes fixes est important afin de produire une dynamique plus équilibrée.
À des fins d’illustration seulement
Important : les stratégies indiquées dans ce blogue ne s’excluent pas mutuellement. Les investisseurs peuvent les combiner afin de potentiellement se doter d’une protection améliorée contre les marchés baissiers.
Ne ratez pas le prochain blogue de cette série : nous y examinerons des mesures statistiques qui peuvent servir à évaluer la protection contre les marchés baissiers.