Le vieux dicton « Puissiez-vous vivre à une époque intéressante » s’applique sans l’ombre d’un doute au marché obligataire actuel. En effet, celui-ci s’avère extrêmement volatil depuis le début de l’année, les taux des obligations d’État du Canada de 10 ans, qui se situaient à 1,80 % en début d’année, ayant atteint un creux de 1,24 % en février. Ils ont cependant rebondi depuis et oscillent actuellement autour des niveaux affichés en début d’année!
Comme vous le savez peut-être, les prix des obligations et leurs taux de rendement évoluent en sens contraire. Cela dit, la récente hausse des taux de rendement a nui aux prix des obligations, donnant lieu à des rendements négatifs généralisés. Par exemple, l’indice obligataire universel FTSE TMX Canada a reculé de 1,5 % au cours de la période de trois mois terminée le 31 mai 2015. Il demeure toutefois en territoire positif, en hausse à 3 % jusqu’ici cette année .
Comment s’explique cette volatilité? La crise en Europe constitue le principal facteur expliquant pourquoi les taux de rendement ont atteint des creux. Par exemple, l’obligation d’État allemande de 10 ans a atteint un creux de 0,07 % en avril et certaines obligations à plus court terme sont même passées en territoire négatif en raison des craintes de déflation et des attentes d’assouplissement quantitatif qui règnent en Europe. En Amérique du Nord, les taux de rendement ont imité ce recul, commençant à paraître très intéressants par rapport à leurs homologues européens.
Puisque l’Europe a été la principale responsable du recul des taux obligataires au Canada, il est tout à fait logique de croire qu’elle a également constitué le principal moteur de leur remontée. Les récentes statistiques économiques en provenance d’Europe ont causé une agréable surprise, provoquant une forte hausse des taux de rendement des obligations d’État allemandes de 80 points de base depuis avril, leur permettant ainsi de grimper de 0,07 % à 0,87 %. En Amérique du Nord, les données économiques ont été plutôt contrastées. Toutefois, le rapport sur les emplois publié vendredi dernier s’est révélé solide et il demeure fort probable que la Réserve fédérale américaine commencera à relever les taux d’intérêt plus tard cette année.
Que nous réserve l’avenir en matière de rendements obligataires? Nul ne peut le prédire, mais selon notre scénario de base, ils augmenteront peu, et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, les problèmes structurels en Europe sont loin d’être résolus, malgré la récente remontée cyclique. Deuxièmement, à long terme, la croissance économique et l’inflation devraient être généralement moins élevées qu’elles ne l’ont été par le passé, en raison principalement de la dette et de la situation démographique. Troisièmement, le marché obligataire tient déjà compte de la mise en œuvre d’un nouveau cycle de resserrement par la Réserve fédérale. Lorsque cette dernière amorcera enfin le relèvement des taux, le marché obligataire sera possiblement davantage soulagé que perturbé. Il y a fort à parier que le marché obligataire s’agitera si la Réserve fédérale ne relève pas ses taux d’intérêt.
Même si notre scénario de base privilégie des rendements obligataires relativement faibles, nous disposons néanmoins d’un plan que nous mettrons en œuvre si les taux semblent vouloir grimper de façon soutenue. Il existe un certain nombre de stratégies que nous pouvons employer pour protéger les portefeuilles obligataires dans un contexte de hausse des taux de rendement. Entre autres, la réduction de la duration en remplaçant les obligations à long terme par des obligations à court terme, la surpondération des obligations de sociétés, lesquelles ont tendance à inscrire un rendement supérieur lorsque les taux augmentent, et l’achat d’obligations à taux variable.
Je terminerai en vous rappelant que l’augmentation des taux d’intérêt signale généralement une amélioration de la conjoncture économique. Autrement dit, si les rendements obligataires sont négatifs, d’autres catégories d’actif, comme les actions, afficheront vraisemblablement un rendement positif, et vice versa. Par conséquent, il est essentiel de conserver un portefeuille bien équilibré et diversifié.
1Source : FTSE TMX Global Debt Capital Markets Inc., au 31 mai 2015